Du 10 mai au 16 juillet 2016, l’artiste Marie Piselli expose au musée d’art et d’histoire ainsi qu’à la chapelle de l’Observance de Draguignan. Finissage le 9 Juillet 2016.
Première dans le monde de l’art : Marie Piselli utilise du matériel carcéral – issu de la prison de Draguignan fermée suite aux inondations meurtrières de 2010 –, et l’extirpe de son environnement – la prison – pour le détourner et en faire l’objet de sa réflexion. L’enfermement ; ou plutôt « la sortie joyeuse de l’enfermement ».
Hop…e, est une ode à l’espoir, au renouveau, à la pensée critique voulue par une artiste déterminée qui nous offre des outils pour dépasser notre enfermement, trop sclérosé par le doute existentiel.
Dans une époque en «crise », marquée par un « état d’urgence » Marie Piselli propose une ouverture, une porte de sortie vers l’espoir. La volonté de plonger le visiteur dans une série de questionnements, de le perdre dans son dispositif pour le confronter aux bouleversements de notre société. Une société en mutation qui se caractérise par de profonds changements dans tous les domaines, artistiques, littéraires, philosophiques, scientifiques ou encore religieux faisant écho à la Renaissance, ayant donné le point de départ d’une nouvelle ère.
Cette exposition forte se lit en deux temps, à la Chapelle de l’Observance et au Musée d’art et d’histoire. Il s’agit d’une introspection au cœur de l’œuvre de Marie Piselli depuis ses débuts à Draguignan jusqu’au moment emblématique de son retour par la case « prison-avant-destruction » de sa ville natale.
Entre décloisonnement et espoir, la liberté de l’homme ne peut-elle être que réellement cadenassée, et l’horizon devenir une condition sine qua non de toute raison ? « Où est donc ma place ? Où aller où chercher, tout prendre, tout laisser ?… ».
Fermer les yeux quand « ça » va mal,
ne plus rien entendre de l’obscurité ambiante.
La vision est bleu chaude palpable.
Attendre dans le silence de sa tête
que l’instant passe.
Rester étranger à sa petite musique,
instants fugaces et pourtant si longs.
La bouffée de brouillard épaisse se dissipe,
le corps prend le relais, le cerveau se détend.
Échappée belle vers le futur, la lumière filtre
entre la masse opaque.
Le passage est long, l’issue incertaine, mais tentante.
Marie Piselli.
C’est Marie Piselli
Fraîcheur d’être
Duvet de l’aube
Horizon à la menthe
Issue de secours
Souvenir de l’oubli
C’est Marie Piselli
Clé de rêve
Clé des rêves
Songe et mensonge
À l’envers, à l’endroit
Vérité embellie
C’est Marie Piselli
Lentement partout
Grâce légère
Piquante pour rire
Goutte de cœur
Âme en lapis-lazuli
C’est Marie Piselli
Masque d’éclat
Souffrance dévoilée,
Prunelle grande ouverte
Palabres cuites et crues
Sans peur ni mélancolie
C’est Marie Piselli
Brise ténèbres
Souffle de joie
Vole et gambade
Quelle est sa place
Câline folie
C’est Marie Piselli
Larme d’amour
Le monde se colore
Chemin du regard
Elle courbe les prairies
Son art s’accomplit
C’est Marie Piselli
Jean-Michel Ribes
Auteur dramatique
Directeur du Théâtre du Rond-Point.
Autour de Marie Piselli
Leïla Voight : curatrice
Stéphanie Moran : Galerie GALRY
Mécènes :
AXONES – ARCTURUS GROUP – Fondation THE BRIDGE AWARDS – GALRY – EDMOND PETIT PARIS – Château Roubine cru classé – Marie-Laure Gorini – Jackie Carpentier – Michèle Fabre – Mireille Laugier – Pierre Fournerie.
Remerciements à la ville de Draguignan et la région Provence Alpes Côte d’Azur.
Le propre de l’artiste, c’est d’être libre.
Enfin c’est ce qu’on dit, c’est bien connu…
Un jour, on m’a mise en prison. Mais ma chance à moi, c’est que j’y suis entrée parce que je l’ai bien voulu.
J’y suis entrée en suivant un grand homme de théâtre.
Sans doute l’homme le plus épris de liberté qu’il m’ait été donné de rencontrer. Un fou magnifique. Un déplaceur d’âmes.
Lorsqu’on franchit pour la première fois le sas d’entrée d’un quartier de détention, avec son trouillomètre en cul de poule et son petit badge à la boutonnière, on ne s’attend pas à ça. On s’attend à ressentir un tas de trucs, mais on ne s’attend pas à cette sensation-là. Contre toute attente, c’est l’ouïe à laquelle cette sensation fait appel. Le choc premier, c’est le son. Un drôle de vertige. Ca titille l’oreille interne :
La prison est une énorme caisse de résonance.
…
Séverine Vincent, comédienne.
La clé dorée du paradis
La clé de Saint-Pierre,
ton Pierre !
Le ciel nuageux bleu céleste de l’espoir,
Esprit-Saint, image d’Epinal de l’église.
Les barbelés, symbole de la couronne d’épines
du Christ, la Passion.
Mais aussi de la prison que représente le dogme…
Et bien sûr, de celle de Draguignan.
Sur ton coussin de velours rouge qui représente
le pouvoir de l’évêque des évêques,
ton écriture brodée en dorée est ton
questionnement intime.
Alors, la question « Où est donc ma place ? »
résonne comme le titre d’une encyclique,
ta lettre aux fidèles,
toi Marie !
Leïla Voight, Curatrice de l’exposition.